
Le Maroni
12 et 17 juillet 2016
Le Maroni... certainement l'expérience la plus marquante de ma première année en Guyane.
Le but de l'expédition est de remonter le fleuve Maroni en pirogue stop. On part à cinq (Charlotte, Cédric, John, Cyril et moi) pour cinq jours de périple sans de véritables informations.
Notre expédition commence le mardi 12 juillet. La première étape consiste à faire la route jusqu'à Saint Jean du Maroni pour partir dès le mercredi matin depuis Apatou où on laissera la voiture. La première soirée et nuit se passe au carbet Agami où l'on goûte le "jamais gouté" poisson local cuit dans une feuille de bananier.. C'est un régal! Le lendemain, on part à 6h du matin pour arriver suffisamment tôt à Apatou. La route ne semble pas trop mauvaise. Elle est goudronnée, oui, mais il y a tout de même des trous de temps en temps. Une seule seconde d'inattention et je roule dans un trou. La jante du pneu avant doit est complètement déformée et le pneu se dégonfle. Heureusement, j'ai dans le coffre un pneu tout neuf. Nous voilà parti pour changer la roue alors que le soleil se lève à peine. La suite de la route se fait avec une complète concentration grâce à un copilote très attentif.
Avec un peu de retard sur notre planning, nous arrivons à Apatou. Il est temps de décharger la voiture et de se préparer pour l'attente de la première pirogue. Attente ?! Même pas le temps de prendre le petit déjeuner qu'une première embarcation apparaît au loin. On décide de se précipiter sur le ponton pour négocier notre voyage. La négociation se fait assez facilement (grâce à nos supers négociateurs), nous voilà donc prêt à embarquer. Les piroguiers avec qui nous voyageons ont pour mission d'apporter une foreuse pour un chantier EDF jusqu'à Papaïchton. L'embarcation est composée de deux pirogues reliées par des planches en bois. Un arrangement assez primaire mais qui semble tenir la route (ou plutôt le fleuve !).
On remonte le fleuve pendant quelques heures avant de s’arrêter dans un petit village surinamais. L’ambiance est particulière et l’on sent que nous sommes des étrangers, tout particulièrement pour les enfants qui nous dévisagent. Côté surinamais il y a des petits commerces (appelé « chinois » car souvent tenus par des asiatiques) qui vendent des produits à des prix plus intéressants que du côté français. On décide de prendre de quoi pique-niquer. Il est ensuite temps de regagner le côté français pour la nuit : Providence. Un petit village, composé d'habitations primaires (seulement quelques taules) mais tout de même une grande école récente. Nous sommes accueillis par une petite fille. C’est la seule à bien parler français car elle va à l’école à Cayenne. Grâce à elle, on nous propose de poser nos hamacs (en échange de quelques euros) dans un bâtiment en chantier qui semble être un futur dispensaire. Juste au pied de notre carbet, une plage nous appelle. Charlotte et moi partons nous rafraîchir. Sans même savoir d’où ils sortent, une dizaine d’enfants nous sautent dessus et viennent jouer avec nous. Nous passons la fin de la journée avec les enfants qui nous suivent partout ainsi qu’avec deux hommes muets. Malgré leur handicap, nous réussissons à communiquer et à échanger sur leur vie ici. Nous gardons tous beaucoup de souvenirs de cet endroit où nous avons vécu des choses improbables avec les habitants et notamment les enfants.
Jeudi, nous retournons du côté du Surinam pour continuer le pirogue stop et atteindre notre deuxième étape : Grand Santi. Après une quinzaine de minutes, on trouve une pirogue transportant des barils de gazole (le plus souvent utilisés par les orpailleurs) qui nous amène à destination. C’est le 14 juillet et la mairie de Grand Santi organise une soirée à la salle des fêtes où tout le village est convié y compris les personnes de passage comme nous. La mairie offre même à boire, à manger, et nous assistons à un concert de musique traditionnelle avant la mise en place d'une sono jusqu'au bout de la nuit ! Le carbet que nous avons loué est immense et très bien équipé (douches, toilettes, lavabos, frigos …), le grand luxe après le squat de la veille.
Le vendredi, les garçons repartent direction Apatou pour récupérer la voiture alors que Charlotte et moi continuons la remontée jusqu’à Maripasoula. Cette fois-ci, personne n’attend la pirogue, les garçons ont réservé la leur et nous avons la chance de tomber directement sur une pirogue chargée de bières Parbo (bières surinamaises) qui nous conduit jusqu’à notre troisième étape : Gran Ch’ton. C’est surement la partie la plus jolie du Maroni car nous traversons les Abattis Cottica. C’est un site classé depuis 2011 parmi les plus beaux sites du département de la Guyane, une mosaïque d’îles et de petits sauts (rapides), un paysage grandiose. Lorsque nous arrivons à destination sur l’une des petites îles où un carbet en dur est construit, nous comprenons que nous n’allons pas être seules. Un groupe de quatre jeunes est déjà sur place et un groupe d’une quinzaine de personnes accompagné par un guide doit arriver dans la soirée. Nous hésitons mais décidons de rester sur place. On passe finalement une agréable soirée au coin du feu. La mauvaise surprise sera que de nombreux piroguiers finissent également par venir squatter le carbet à la nuit tombée. Le petit coin de paradis se transforme en dortoir mais cela ne nous empêche pas de profiter un maximum de la beauté et la sérénité du lieu.
Samedi, notre dernière journée de pirogue commence. Le site de Gran Ch’ton est magnifique mais a également le désavantage d’être isolé et peu visible des différentes pirogues qui remontent le fleuve. Il nous faut attendre environ quarante minutes avant qu’une embarcation s’arrête. Ils ne peuvent nous amener qu’à Papaïchton ce qui morcelle notre dernière étape mais de peur de ne pas trouver une autre pirogue nous partons avec eux. Il n’est que dix heures du matin et pourtant ils sont déjà à la Cachaça et au Rhum. La remontée des sauts a été plus difficile qu’avec les autres pirogues mais après une escale et de nombreuses heures de pirogue, nous arrivons à bon port. Depuis Papaïchton, nous devons trouver notre dernière pirogue pour atteindre Maripasoula. Après quelques dizaine de minutes Charlotte négocie le trajet Papaïchton Maripasoula avec un piroguier transportant du gazole ainsi que des machines à laver.
Maripasoula, c’est le retour à la pseudo civilisation, nous profitons de notre après-midi pour visiter le village et repérer les lieux pour le repas du soir. Le lendemain nous devons partir tôt pour aller aux chutes Gobaya Soula en pirogue et revenir en kayak. Il nous faut donc faire quelques courses au Surinam pour le pique-nique. Ensuite, nous allons manger dans un petit restaurant où nous avons réservé pour pouvoir manger de la viande locale. On goûte au cochon bois, délicieux, et pour nous rappeler notre enfance on finit le repas par des petits pots Miko.
Dimanche, départ aux chutes Gobaya Soula pour notre dernière journée sur le Maroni. Une pirogue charge les kayaks et nous amène au départ du sentier des chutes. Les chutes sont magnifiques et nous apportent un peu de fraîcheur après les dernières journées sous la chaleur guyanaise. On profite de cet endroit paisible avant l’arrivée de plusieurs groupes. Le retour se fait tranquillement, on décide de se laisser porter par le courant en kayak et de profiter du fleuve, de ses bruits et de ses paysages.
Le périple est bientôt terminé mais un moment extraordinaire nous attend encore, le retour en petit avion jusqu’à Cayenne. Je vous laisse regarder les photos pour vous rendre compte de la beauté du moment.